Libanais, « Pèlerin à la recherche d’une « maronité » conciliée avec l’islam et l’arabité, la tradition et la modernité » selon Henri Tincq, avocat des causes palestinienne et libanaise, artisan du dialogue de l’Eglise maronite avec l’orthodoxie et l’islam, membre de la délégation maronite au Concile Vatican II, ce fils et petit-fils de prêtre, est lui-même ordonné en 1947 après des études à l’université Saint-Joseph de Beyrouth.
Il fait la connaissance de Louis Massignon au Caire au centre Dar es-Salam – la « maison de la paix » de Mary Kahil et suit son enseignement au Collège de France en préparant une thèse, publiée en 1958, sur Abraham dans le Coran. Il entre au CNRS et enseigne notamment à l’Institut catholique de Paris où il succède à l’élève et filleul de Louis Massignon, le franciscain Jean-Mohammed Abd-el-Jalil. Louis Massignon lui confie les Abstracta Islamica, les recensions de la Revue des études islamiques, qu’il avait fondée en 1927, où il proposait une bibliographie sélective du monde musulman. Il fut enfin le secrétaire de l’islamologue de 1950 à 1962.
Par ses publications majeures, Moubarac a fait connaître la pensée de Louis Massignon à un vaste public : une bibliographie classée et une étude sur l’œuvre de Louis Massignon, avec sa Pentalogie islamo-chrétienne (Beyrouth, 1972-73) et surtout les trois volumes des Opera Minora (Damas, 1963), recueil de plus de 2000 pages réunissant 207 articles dispersés et souvent introuvables, publiés avec les corrections de Louis Massignon lui-même pour ce qui est du tome I.
Le Père Moubarac se considérait comme le « fils spirituel de Louis Massignon » tout en reconnaissant dans sa préface à Massignon et Gandhi que Massignon comme Gandhi « étaient des maîtres sans disciples » et que « nous avons du mal à ne pas tourner, de quelques manières, leurs déterminations inflexibles ».
Témoignage :
« Youakim Moubarac fut donc le disciple fervent de Massignon, fidèle entre les fidèles, et il fut le témoin du témoin, dont il publiera à Beyrouth une partie considérable de l’œuvre – Opera Minora qui n’ont de mineur que la désignation – et, enfin, l’un de ses principaux exécuteurs testamentaires. Il sera, ce montagnard de la vieille montagne du Liban citée dans le Cantique des Cantiques, l’ombre portée de Louis Massignon, ce magnifique Cavalier de l’Apocalypse, ombre faite cependant non de nuit mais de diamant. La très haute, la terrible exigence de Vérité et de Justice qui animait Louis Massignon, notamment devant la Palestine, violée, déchirée, martyrisée, sera face à tous et face aux siens notamment qui parfois récusaient ses choix ou les mettaient en balance avec des considérations de pratique utilitaire, l’intime et déchirant combat de l’Abbé Moubarac et le sens même de ce combat ».
Salah Stétié, « Le passage du témoin », in Youakim Moubarac, Dossier H, L’Age d’Homme , 2005
Bibliographie :
Sur Youakim Moubarac :
BAALM, n°3, décembre 1995, pp. 41-43
Youakim Moubarac, Les Dossier H, L’Age d’Homme (Lausanne-Paris), 2005, recension dans le BAALM, n°18, décembre 2005, pp. 179-181
Site de l’association Moubarac : http://www.youakimmoubarac.org/
De Youakim Moubarac sur Louis Massignon :
Mémorial Louis Massignon, sous la direction de Youakim Moubarac et des textes arabes de Ibrahim Madkour, Abd al-Rahman Badawi, Taha Hussein, etc., Dar el-Salam, Imprimerie de l’Institut français d’archéologie orientale, Le Caire, 1963
Pentalogie islamo-chrétienne, L’œuvre de Louis Massignon, de Youakim Moubarac, Editions du Cénacle libanais, 1986 (1972), Tome 1, l’Oeuvre de Louis Massignon.
Opera Minora, Textes recueillis, classés et présentés, avec une bibliographie, par Youakim Moubarak, 3 Tomes, Presses Universitaires de France, 1969, 1ère éd. 1963
BM