Issue d’une famille de tisserands puis d’industriels du textile dans le Nord, Marie Hovyn épouse Ferdinand Massignon (dit Pierre Roche) le 5 janvier 1880 à Saint-Germain l’Auxerrois. Ils auront deux enfants : Louis, né en 1883, puis Henriette en 1888.
Comme dans beaucoup de familles sous la IIIe République, elle est le pôle religieux du couple tandis que son mari, agnostique, est tourné vers le siècle, la raison et les sciences, divergence qui tiraille le jeune Louis. Dévote, pétrie du catholicisme doloriste de l’époque, elle joue un grand rôle dans l’éducation religieuse de son fils. Elle insiste auprès de son père pour qu’il soit baptisé et fasse sa première communion, puis sa confirmation. Ferdinand Massignon assistera à la première cérémonie mais refusera de se rendre aux deux autres. Lors de sa première communion, elle remet à son fils un recueil de 365 textes de méditation quotidienne issus de grands spirituels français (Bossuet, Fénelon, Saint François de Salle…) dont la lecture nourrira la piété du jeune Louis. Elle lui transmet également son attachement à la communion des saints, doctrine qui prendra un relief particulier pour Louis, après sa rencontre avec Joris-Karl Huysmans où l’écrivain converti lui fait part de sa vision de la substitution mystique.
Elle accueille donc avec joie la re-conversion au catholicisme de son fils en 1908. Louis Massignon fera sculpter deux ex voto en mémoire de sa conversion ; l’un est une croix en bas-relief située dans la chapelle des Carmes à Bagdad, le second est une croix celtique dressée sur l’oratoire à Notre-Dame de Liesse dite aussi Notre-Dame des Brûlons, dans la lande du Vau Madec, sur la commune de Pordic, pas loin de la demeure familiale conçue et décorée par Pierre Roche. Pourquoi ce lieu à l’écart ? Parce que de sa fenêtre le jeune Louis pouvait y voir les cierges allumés par sa mère en offrande à sa prière pour la conversion de son fils.
BM